SECOND CONSEIL

SECOND CONSEIL

Le Conseil des Ministres de ce matin, autant le dire tout de suite, a été un véritable conseil de guerre. Je n’avais plus vu ça depuis les évènements en Irak, et Dieu sait que l’ambiance était déjà particulièrement tendue. La raison de ce choc émotionnel ? Le sondage, évidemment. L’institut de sondage CSA a rendu aujourd’hui public le fait que le Non au référendum passait devant le Oui. La Directive Bolkestein pose problème, c’est évident. Vis-à-vis des électeurs, j’avoue moi-même ne pas savoir quoi faire. Un coup de cognac et quelques dossiers ( ou un dossier et quelques coups de cognac ) devraient m’aider à y voir un peu plus clair. Pour prendre des décisions efficaces, un bon coup de fouet au moyen d’un alcool de grande qualité est parfois indispensable.

En dehors de ça, certains se sont copieusement gaussés en lisant les propos de Dominique Ambiel ce matin dans la presse. Raffarin, bien sûr, n’a que modérément goûté les plaisanteries, et moi-même, je réprouve les débordements humoristiques auxquels j’ai pu assister. Je ne sais pas si tout le monde se remémore l’affaire Ambiel. Ce conseiller en communication du Premier Ministre avait été arrêté de nuit, avec dans son attaché-case une prostituée roumaine de 17 ans. Depuis, il s’évertue à crier au complot et clame sa bonne foi. Il a d’ailleurs reçu le soutien de Clara Gaymard, ce qui fait que je commence à plaindre son mari. Je me demande si la soudaine médiatisation de sa famille ne va pas contribuer à l’enfoncer un peu plus. Le jour où son fils aîné montera au créneau pour glorifier Bernard Tapie ou Loïck le Floch-Prigent, il va tout plaquer, prendre sa retraire et se faire éleveur en Franche-Comté en pensant au bon vieux temps de ministère de l’Agriculture.

Bref. Toujours est-il qu’après le conseil, quand tout le monde sortait, de Villepin et Copé se sont amusés à improviser un sketch sur Ambiel. Villepin jouait le policier, et Copé la prostituée roumaine. Raffarin, qui perd décidément de plus en plus son autorité, était involontairement placé dans le rôle de son ex-conseiller. Villepin s’était confectionné une moustache avec un capuchon de stylo et un bout de scotch ( quand on pense au prix de ces stylos, on se dit qu’il est vraiment honteux que des ministres d’Etat s’en fassent des moustaches ) et Copé se promenait en roulant des fesses en faisant ” tou viennes mon chou ? ” et en faisant des pichenettes à Raffarin, qui était coincé entre deux fauteuils et ne pouvait pas s’enfuir. Je revenais de prendre un des dossiers violets ( ceux du haut de l’armoire de la salle de conférence ), quand j’ai assisté à cette représentation grotesque. J’ai frappé violemment du plat des mains sur la table juste pour interrompre Villepin qui disait : ” Alors, bonhomme, tu comptes aller où, avec cette gamine ? ” et Copé qui répondait : ” C’est Monsieur Ambiel qu’él m’a invité chez loui pour discouter de la référindoume sour la Prostitoution Eropééne. ”

Les deux se sont stoppés net, et j’ai entendu une mouche voler. Je vais me débrouiller pour raboter leurs salaires en conséquence. Je déteste ce genre d’humour puéril, méchant et surtout peu drôle. Si j’avais pu leur taper sur les doigts avec une règle, je l’aurais fait. J’ai posé mes dossiers, j’ai dit ” zut ” à Thierry Breton qui me demandait pourquoi diable son livre était nul, et je suis parti rejoindre Schuessel à notre rendez-vous.

Schuessel est le Chancelier autrichien. Il était venu parler de la Constitution, il m’a finalement encore, et comme il le fait à chaque fois, parlé des avantages des noeuds papillons par rapport à la cravate. Schuessel ne porte quasiment que des noeuds papillons. A poids, à rayures, à motifs, à vapeur, matin comme soir, soir comme matin. Il en a exactement 214, qu’il range par ordre d’achat dans une armoire spécialement confectionnée. Il m’a dit, réjoui : ” Tu vois, au moins, les gens savent toujours quoi m’offrir pour Noël, ah ah ah ! “. La dernière fois, il portait son noeud numéro 180, cadeau d’un enfant d’une municipalité montagnarde remis lors de la Saint Wolfgang. J’avais eu droit au compte-rendu complet de toute la cérémonie.

Un noeud d’ailleurs ma foi fort laid, mais je n’en dirais pas plus, sinon lui aussi va me demander d’envoyer quelqu’un s’excuser chez lui. Je le connais bien, il prend mal la mise en boîte.

Je vous remercie de vos messages, de plus en plus nombreux ces derniers jours. J’ai demandé à ce qu’ils me soient désormais tous transmis, censurés compris, et je les classe dans un cahier. Je crois qu’ils ne sont pas tous publiés dans un souci de clarté ( et aussi parce qu’il sont semble-t-il trop nombreux ), mais je les lis maintenant exhaustivement, et suis ravi que ce blog soit devenu un moyen de dialogue direct avec les Français. Je réfléchis à un moyen de discussion internet hebdomadaire depuis l’Elysée ou le local d’un média, peut-être que cela se fera un jour, et je répondrais bien volontiers à vos questions et vos préoccupations.
Ensemble, pour faire de l’Etat Français un modèle dans les domaines de la liberté d’expression et de la démocratie.

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