CONSTITUTION EUROPEENNE

CONSTITUTION EUROPEENNE

J’ai passé aujourd’hui un certain temps à lire les messages que vous avez laissé en commentaires sur mon blog. Le ton de ma lettre d’aujourd’hui sera en conséquence volontairement moins badin, et nous allons même faire un peu de politique, ce qui, après tout, est logique sur le blog du Président de la République Française.

Parmi vos remarques, l’une a donc particulièrement attiré mon attention. Quelqu’un me demande de donner un avis plus personnel sur la Constitution Européenne, voire de la défendre en ces lieux et de le convaincre puisque, pour l’instant, décrete-t-il, il votera non.

Autant le dire tout de suite : je réprouve cette attitude. Par exemple parce que je doute que vous ayez effectivement lu la Constitution telle qu’elle est aujourd’hui proposée. C’est pourquoi nous comptons la diffuser dans chaque foyer, sur format papier, et qu’elle est disponible dés aujourd’hui sur internet en format numérique (je vous renvoie ici pour les différentes manières d’obtenir le texte) . Ceci dans le but d’informer les Français sur le traité que nous leur soumettons. Et parce que l’enjeu est important, il serait bon ( et nous y réfléchissons sérieusement ) de faire passer une sorte de test assez simple aux électeurs avant leur vote, ceci afin de bien prouver qu’ils ont lu la Constitution.
Comprenez que l’enjeu est important.

Autant le référendum sur le quinquennat était un choix intellectuellement basique, puisqu’il fallait choisir son chiffre préféré ( 5 ou 7 ), autant celui sur la Constitution est éminement plus complexe, puisqu’il fait appel à un sens beaucoup moins manichéen ou binaire des choses. Ironiquement, on notera que ce problème opaque de 263 pages que l’Europe pose à la France et aux Français est paradoxalement un moyen proposé pour faciliter le
fonctionnement de cette Europe.

En effet, les institutions européennes se sont développées de façon plus ou moins anarchique en fonction des besoins du moment. Résultat, on a aujourd’hui deux traités fondamentaux différents qui se recoupent, avec des mécanismes fondamentaux qui ne sont abordés dans aucun des deux, et qui de surcroît sont parfois très mal écrits. La Constitution, sous son aspect imposant, se propose donc principalement de réorganiser tout ça de manière cohérente.

Voila en gros le noeud du problème. Le débat de la nécéssité de la Constitution ne se pose donc, à mon sens, même pas. Après, il reste le contenu même du texte, sur lequel de grands débats ont lieu. Doit-on y inclure une mention spécifiant que l’Europe est d’héritage chrétien ? Quelle définition donne-t-on à la liberté de circulation des capitaux ? Est-ce que ça n’est pas une incitation au capitalisme sauvage et au libéralisme carnassier ? Chacun y donne la réponse qu’il veut. Pour ma part, je pense que l’argument du libéralisme, pour le coup, ne tient pas : il est déjà présent en filigranne dans le Traité de l’Union, qui stipule déjà qu’un peu tout ( hommes, femmes, plantes vertes, capitaux, services ou cochons d’Inde ) a le droit de circuler librement. Je rappelle à tout hasard que l’Europe, c’est aussi, voire avant tout, un projet économique de marché commun. Voter non à la Constitution pour cette raison et insister trop lourdement dessus reviendrait à vouloir revenir en arrière et à revoir les bases que nous avons jeté il y a déjà plus de 50 ans.

Voila donc, traité grossièrement, pourquoi j’encourage personnellement le Oui au référendum sur la Constitution. Voila également pourquoi les socialistes et les pâtissiers de leur rang sont également enclins à voter Oui. Et j’espère que vous, désormais, chers lecteurs, me suivrez sur cette route heureuse et fleurie que nous traçons pour l’Europe, la France et les Français.

A part ça, j’ai aujourd’hui reçu un courrier de Mohammed VI qui a lu ces lignes. Il trouve insultant et railleur le ton que j’ai pris pour parler de son fils. Exigeant donc que je poste en ces lieux un droit de réponse, je lui obéis bien volontiers et m’excuse platement de la peine que j’ai pu causer à Sa Majesté:

” Jacques,

Mon fils Moulay Hassan, futur Hassan III, ne sait certes pas encore lire. Malheureusement pour vous, j’en suis moi parfaitement capable. Et votre texte méprisant et insultant à l’égard de mon fils a peiné mon coeur de père et a courroucé mon coeur de chef d’Etat. Si des excuses officielles ne me sont pas présentées, devant ma personne, en mon palais, dans un délai d’un mois, des sanctions économiques seront prises à l’encontre de votre pays au profit d’une puissance dirigée par quelqu’un de moins tête-brûlée que vous. Que vous souhaitiez instaurer un dialogue familier avec vos concitoyens ne doit pas vous faire oublier quelle est votre réelle fonction.
En attendant vos excuses officielles, j’exige que vous postiez dans un délai d’une semaine le présent courrier sur votre blog après y avoir formulé les plus amers regrets.
Veuillez néanmoins agréer l’assurance de mon plus profond respect,

Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc “

Voila qui est fait. Il est probable donc que j’expédie quelqu’un s’excuser au Maroc dans le courant du mois. Nous en reparlerons probablement.